Vieux métiers

    "Gais sont, sont les gars de Locminé qui ont de la maillette sens dessous dessous ..."


Cette chanson connue dans toute la France a immortalisé la fameuse maillette de Locminé, servant aux sabots et souliers du pays...


Fileuses, tisserands, cordiers, tailleurs


fileuseLe tissage du lin aurait été introduit en Bretagne par la duchesse Anne et ce fut une activité florissante à Locminé comme ailleurs ; en témoigne la rue du Fil et les nombreux "Texier" (pour Tisserand) dans les noms de famille de la région.

Mais jusqu'au XVIème siècle, en plus du tisserand de métier, il y eut dans chaque maison des femmes qui filaient au fuseau et au rouet, et qui tissaient ce fil sur des métiers à tisser rudimentaires ; le tissu grossier ainsi fabriqué était lui-même taillé et cousu à demeure par les habitants. La toile de laine obtenue dans la région des "moutons blancs" de Pontivy et de Locminé était inusable et si imperméable qu'aucune pluie ne la traversait. Au XVIIème siècle, beaucoup de tisserands et de cordiers, travailleurs à domicile, façonnaient les toiles et les cordes nécessaires à la Marine. Cela se faisait aussi dans les bourgs environnants, et il en reste, à Remungol par exemple, l'architecture traditionnelle des maisons de Sainte Anne du Bâtiment (les bâtiments étant les bateaux de la Compagnie des Indes de Lorient).

tailleurPlus tard apparut le métier de tailleur : il allait travailler de maison en maison, de ferme en ferme, à la demande. Logé sur place, il était au courant de tous les potins, voire de tous les drames du pays... d'autant plus qu'il servait aussi d'intermédiaire (baz valan) pour les mariages. Aussi était-il à la fois attendu pour ses compétences et pour toutes les nouvelles qu'il transmettait, et redouté pour sa curiosité et ses commérages !

 

Sabotiers

La fabrication de sabots est très ancienne à Locminé ; dans les années 1950, il y avait encore 6 sabotiers à Locminé, la plupart l'étant de père en fils. sabots locminoisLe sabot était, de bout en bout, l'œuvre du même artisan, qui avait choisi son arbre (en général un hêtre) en forêt, et qui personnalisait chaque pièce selon les goûts et besoins de son client.

Le sabot des enfants était complété par une bande de cuir qui soutenait la cheville et se laçait sur le cou-de-pied ; les petits pieds étaient protégés du froid par des chaussons de laine.
Les sabots avec une bande de cuir en bride s'appelaient des "claques" ou des "hirondelles" en raison de leur légèreté et de leur bout pointu.

Les sabots locminois avaient une pointe un peu relevée, et finement décorée d'un léger motif sculpté ; ils étaient renommés pour leur élégance.

Fabrication des sabots

fabricationsabotsIl y a très longtemps, le sabotier vivait au milieu de la forêt. Puis les ateliers se sont ouverts dans les petites villes. Le sabotier allait choisir ses arbres dans la forêt. Il les faisait abattre et transporter jusqu'à chez lui où les troncs étaient sciés en rouelles. Dans chaque rouelle on peut faire 4 sabots ou 6 si le tronc est gros.

1) Chaque quartier est grossièrement taillé à la hache pour donner la forme : c'est le bûchage.

2) Ensuite, le sabot est affiné au paroir.

3) Avec une vrille, on creuse un trou dans le talon et un dans la partie galbée du sabot pour commencer à enlever le bois.

4) On continue à creuser avec des mèches en forme de cuillère dont il existe plusieurs dimensions différentes.

5) L'intérieur est ensuite façonné plus profondément avec deux autres outils :
    - la rouanne pour former le galbe du sabot
    - le butoir pour aplanir la partie inférieure de la semelle.

Une fois fabriqués, on met les sabots à sécher dans une cheminée. On les teinte en noir ou en acajou et on passe du vernis. Souvent, on met des clous dans la semelle pour que les sabots s'usent moins vite.

A Locminé, on utilisait des clous d'une forme particulière : des maillettes.


La fabrication des sabots a cessé avec l'apparition des bottes en caoutchouc après 1950.

 

Lavandières

Il n'y avait pas de machine à laver autrefois et manier les lourds draps de lin n'était pas une partie de plaisir. C'est pourquoi, le lavoir était l'équipement collectif de base de chaque quartier et de chaque hameau.
A Locminé, plusieurs lavoirs publics fonctionnaient le long du Tarun et de ses petits affluents: à Pont Person, Pont Coët, Pont Mab Olivier, à la Pompe et au Pastis. Celui de Pont Mab Olivier (Mab= fils en breton), rue Alain Lesage, au pied du plan d'eau du Bois d'Amour, reçoit encore quelques lavandières, qui apprécient la souplesse du linge ainsi lavé et rincé "à grande eau".
Outre ces lavoirs publics, chaque maison riveraine du Tarun ou du Signan avait son lavoir privé.

Jusqu'au milieu du XXème siècle, chaque maison faisait appel à des lavandières de métier, surtout pour les "grandes lessives" saisonnières, effectuées 2 ou 3 fois par an. Le linge était brossé, décrassé au battoir, mis à tremper avec de la cendre de bois en guise de lessive, puis rincé à l'eau claire et séché au grand air, sur l'herbe ou sur la haie.

 

Lavoir du Pont Coët
pontcoet

Le lavoir du Pont Coët a été détruit dans les années 70 pour créer quelques places de parking.

A l'origine, il servait surtout aux lavandières de métier, qui pouvaient y laisser à demeure les grands bassins en fonte pour faire tremper le linge ; en revanche, elles apportaient sur leur brouette le bois pour le feu, nécessaire au chauffage de l'eau de lessive.

En 1950, il était encore utilisé quotidiennement par 8 à 10 lavandières.

 

 

Lavoir du Pont Mad Olivier

mabolivierLe lavoir aujourd'hui

Le lavoir du Pont Mad Olivier est le seul existant encore aujourd'hui ; à l'inverse de celui du Pont Coët, il était utilisé par les femmes du quartier, et non par les lavandières de métier.

Les journaux de l'époque rapportent un accident survenu le 6 juillet 1908 : un violent orage provoqua un glissement de terrain en amont, et le Signan se transforma en torrent de boue ; une lavandière fut enlevée par le courant et ne dut son salut qu'à l'aide de passants qui réussirent à l'en extraire avant complète asphyxie.


Autres métiers

Chef-lieu de canton, ville de marchés, Locminé avait (et a toujours) une importante fonction commerciale et artisanale, capable de couvrir pratiquement tous les besoins de ses habitants et de la population rurale environnante.

C'est pourquoi, outre les métiers de l'habillement et des textiles, on trouvait à Locminé, dans les années 1950 :

  • 2 bourreliers
  • 1 charron
  • 2 maréchaux-ferrants
  • 2 réparateurs de cycles
  • 1 réparateur de machines agricoles
  • 1 vendeur réparateur de machines à coudre, qui gérait aussi un petit atelier de tricot
  • 1 sculpteur sur bois (statues, objets décoratifs, mais aussi sculptures sur les meubles fabriqués par les menuisiers)
  • plusieurs menuisiers et ateliers de mobilier
  • 3 scieries dont 2 importantes route de Bignan et route de Vannes

Evidemment il existait tous les métiers du bâtiment et de l'alimentation, mais ceux-ci subsistent toujours aujourd'hui, même s'ils ont profondément évolué.

  • une dizaine de crêpières

A Locminé, il y a toujours eu des crêpières professionnelles (ou marchandes de galettes). Les galettes étaient à emporter, ou à consommer sur place ; dans ce cas, les clients apportaient chez la crêpière le beurre, le lait ribot ou le cidre qu'ils consommaient avec leurs galettes.

Texte de Mme Danielle Baranger - Bibliothécaire de Locminé 

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