La guerre de 1870-1871
La guerre de 1870-1871, entre la France et l'Allemagne, nous fait perdre l'Alsace et la Lorraine. Plusieurs Locminois y ont pris part. En 1890, François Le Quellec est décoré de la médaille militaire.
En 1911, quarante ans après la fin de cette guerre, la République crée une médaille commémorative des combats.
En janvier 1913, cinq Locminois l'obtiennent.
Puis au mois de septembre suivant, 41 anciens combattants de 1870, de Locminé et du canton reçoivent des médailles commémoratives.
La guerre de 1914-1918
Le samedi 1er août 1914, le tocsin sonne au clocher de Locminé. C'est la mobilisation générale. Le lendemain, le conflit éclate avec l'Allemagne. Il va causer d'importantes pertes parmis les Locminois.
De nombreux Locminois sont également fait prisonniers et vont passer de rudes années en Allemagne. Dès l'été 1915, un comité de secours aux prisonniers de guerre est formé à Pontivy. Il récolte des fonds pour envoyer des colis aux malheureux détenus originaires de l'arrondissement et transmet également des nouvelles aux parents. Des listes de prisonniers sont également publiées régulièrement par Le journal de Pontivy dès le 15 août 1915.
Pendant ces 51 mois de guerre, c'est M. Placide Kerrand qui exerce les fonctions de maire. Sa tache n'est pas facile. C'est souvent qu'il doit annoncer à des familles la disparition d'un proche. Dès janvier 1915, les jeunes gens de "La Locminoise" reprennent leurs exercices de préparation militaire.
Le souvenir
Le 10 décembre 1919, M. Placide Kerrand cède le fauteuil de maire à M. Joseph Richard. Le conseil municipal réuni le 6 février 1920, décide de changer les noms de trois rues de la ville. La place des Ecoles devient la Place de la Victoire, la rue de Bignan devient la rue de Verdun et le boulevard de la Gare est rebaptisé boulevard de la Liberté.
Dès la fin du conflit, M. Kerrand veut ériger un monument à la mémoire des Locminois morts à la guerre. Aucune décision n'est prise immédiatement. Après réflexion le conseil municipal décide, le 13 février 1920, que "le monument aux morts pour la patrie" sera élevé sur la Place de la République, devant la chapelle Saint-Colomban. Le monument est inauguré le 4 décembre 1921.
En octobre 1944, les travaux d'élargissement de la place de la République nécessitent le déplacement du monument aux morts. Son transfert se fait vers la place des Tilleuls, face au presbytère, qui après aménagement est dénommée "square de Gaulle" (actuellement place du Vieux Marché). Un second déménagement est effectué plus tard, et depuis le monument aux morts s'élève sur l'actuelle place du 11 novembre.
La guerre de 1939-1945
Le 1er septembre 1939, l'invasion de la Pologne par les armées allemandes prouvent que le temps des épreuves est revenu.
Aucun grand combat n'a lieu pendant l'hiver qui suit. Cependant, à Locminé on veut soutenir le moral des 171 mobilisés de la commune et un comité des œuvres de guerre est formé. En mars 1940, il poursuit son travail en faveur des mobilisés. Puis le 10 mai, l'Allemagne déclenche une offensive générale à l'ouest. En juin la France est envahie et quelques Locminois périssent.
Locminé reçoit alors de nombreux réfugiés en provenance du Nord et des Ardennes.
Malgré ces sacrifices, l'invasion se poursuit : les Allemands sont à Paris le 16 juin, à Rennes le 17, à Pontivy le 18.Dès le 17, le maréchal Pétain sollicite un armistice. Mais le lendemain, 18 juin, le général de Gaulle lance un appel vibrant aux Français depuis la radio anglaise, en leur demandant de poursuivre le combat.
A Locminé, tout près de l'hôtel des voyageurs, dans la rue de Verdun un petit groupe d'officiers et de soldats français bavardent. Une partie de ces gens sont arrivés là la veille, et ont passé la nuit à l'hôtel. Un des officiers s'appelle Xavier de Gaulle. Il est le frère aîné du général. Il est accompagné de sa seconde femme, de ses trois enfants et de sa vieille maman, âgée de 80 ans. Le chanoine Le Naviel s'approche de la triste troupe en transit et leur annonce devant les tenanciers, M. et Mme Pizigot, le message du général de Gaulle. Mme de Gaulle reconnaît alors son fils.
Les débuts de l'occupation
Le 19 juin 1940, les Allemands sont à Locminé. A l'automne les réfugiés doivent évacuer la chapelle Notre-Dame, car elle est affectée aux pasteurs protestants allemands qui y célèbrent des offices chaque semaine pendant plusieurs mois.
La longue épreuve de l'occupation se poursuit, avec son cortège de privations, d'humiliations et de deuils. Puis c'est un écho à l'appel fameux du général de Gaulle, principalement à partir de 1943, la résistance active qui s'organise progressivement.
Il est impossible de relater la multitude de faits de résistance qui se sont produits sur la commune durant l'occupation allemande.
La résistance s'organise
Un réseau spécialisé dans la recherche des aviateurs alliés tombés en territoire occupé s'implante en Bretagne en janvier 1943.
L'Allemagne a besoin de travailleurs pour faire fonctionner son industrie de guerre et, après avoir connu l'échec de "la relève" (échange de travailleurs contre des prisonniers de guerre), elle rend l'exil laborieux obligatoire. Une commission de travail obligatoire (STO) pourchasse les hommes valides : le 20 février 1943, contre l'avis du maire, l'occupant ordonne la réquisition de 30 ouvriers à Locminé pour le 23, six seulement se présentent. Fin mars, la commission recense 26 Locminois, aucun ne répond à l'appel.
A partir de juillet 1943, les gendarmes français sur ordre des Allemands, font la chasse aux réfractaires. La presse du 16 juillet annonce que le gouvernement français a décidé d'amnistier ceux qui se présenteraient dans les mairies les 17, 18, 19 et 20 juillet pour se faire inscrire en vue d'obtenir la carte de travail obligatoire, mais cette trêve n'est pas respectée par les Allemands qui procèdent à une rafle dans la région de Locminé et Saint-Jean-Brévelay, parcourant la campagne, perquisitionnant dans les maisons et jusque dans la caserne de gendarmerie de Locminé.
Sabotages, rafles et répression
L'action de résistance va s'intensifier contre l'occupant allemand et ses amis, jusqu'au débarquement en Normandie et jusqu'à la libération de Locminé…
La prison de Locminé
Avec les différents actes de résistance observés, les Allemands réagissent avec l'installation d'un détachement du S.D, antenne de la Gestapo, à l'école publique des filles, tandis que la garnison est renforcée, le 15 avril.
Parmis ses premiers méfaits à Locminé, on relève la torture infligée à deux F.T.P qui ont scié les montants d'un observatoire à Silfiac, dans la nuit du 4 au 5 avril, et qui ont été arrêtés à Cléguérec avec d'autres membres du groupe "Bara" avant d'être transférés à Locminé.
Le 18 avril, une rafle amène à la prison de Locminé des habitants de Pluméliau, Melrand et Quistinic, arrachés à leur travail et à leur famille.
La prison reçoit, en moyenne, une dizaine de prisonniers par jour, avec des pointes de 50 à 90. En 105 jours environ, la prison reçoit près de 1100 personnes, qui y sont séquestrées pendant des délais extrêmement variables.
Après le débarquement
Un message lancé le 4 juin 1944, par la BBC : "les dés sont sur la tapis", invite les résistants à passer à l'application du plan vert (destruction des voies ferrées) et du plan violet (coupure des lignes téléphoniques de l'ennemi). Le mardi 6 juin, c'est le débarquement des troupes alliées en Normandie.
Au cours de l'été 1944, après la rafle du 3 juillet, les Allemands présents à la prison de Locminé, vont se livrer à de réels actes de tortures sur les résistants Locminois mais aussi de la région. Certains survivront à ces actes odieux mais d'autres n'auront pas cette chance. Dans ces "locaux disciplinaires", les Allemands leur faisaient subir "l'interrogatoire".
Certains ne restaient pas à Locminé, mais étaient transférés à Penthièvre, où ils étaient souvent fusillés.
Les atrocités nazies se poursuivent donc et, du 10 au 29 juillet, la terreur règne dans tout le canton avec l'arrivée d'un détachement du S.D de Rennes, composé partiellement d'un groupe de la formation Perrot. Son but est "de nettoyer Locminé" après l'attaque du maquis de Saint-Marcel.
Le 12 juillet, vers huit heures du matin, deux cars conduisent une cinquantaine de prisonniers de Vannes à Penthièvre…Dans les jours qui suivent, le major Reese organise au fort, les exécutions qui sont confiés à des russes aux ordres de l'adjudant Porschler. Tous deux seront condamnés à mort le 9 mai 1947. 25 Locminois sont parmis les 52 victimes. Tous les actes de décès rédigés à ce moment indiquent que les décès datent du 13 juillet 1944.
La fin de l'occupation
Les Allemands stationnés en Bretagne sont alors affolés. La résistance, par son activité intense, retient sur place de nombreuses troupes qui ne peuvent ainsi participer à la campagne de Normandie. Mais la répression trop souvent aveugle, elle, se poursuit.
La libération
Cependant le Front de Normandie ayant cédé, les alliés avancent rapidement : le 30 juillet Granville est entre leurs mains et, le 31, ils prennent Avranches. Les 2 et 3 août, les Allemands évacuent Pontivy en toute hâte et se replient sur Lorient.
Après la capitulation allemande, les hostilités cessent le 9 mai 1945 à 0 heure. C'est la paix. Et Locminé, comme toutes les communes de France, attend avec espoir le retour de ses prisonniers et de ses déportés…
Le souvenir
Il ne faut pas oublier ces événements qui ont fortement marqué la vie Locminoise, et Locminé ne les oubliera pas. Une plaque a été ajoutée au monument aux morts de la guerre 1914-1918.
Le 12 juillet 1946, on inaugure au cimetière où les corps ont été ramenés et inhumés, le monument aux fusillés et déportés.
Le lendemain, le 13 juillet, un véritable pèlerinage s'organisa vers Penthièvre. La plupart des familles voyagèrent dans des cars mis à leur disposition, mais de nombreuses voitures particulières virent allonger ce cortège. M. le préfet, le général, le colonel Morice, des chefs de bureau de la préfecture, le maire de Saint-Pierre-Quiberon, le maire et le curé de Locminé étaient présents. Une messe fut célébrée à l'entrée de la galerie où furent découvert les corps.
Le monument de Penthièvre avait été inauguré le 11 juillet en présence de MGR l'évêque de Vannes, et de nombreuses personnalités.
Le 26 juillet 1947, le général de Gaulle est en Bretagne, et venant de Vannes il avait souhaité faire une halte à Locminé, pour éprouver sa sympathie à la population.
Le 13 janvier 1956, le conseil municipal donne le nom de "place des Martyrs de la Résistance" à la petite place située devant l'école publique des filles que les Allemands transformèrent en prison avec salle de tortures.
En septembre 1960, le général de Gaulle alors Président de la République, visite à nouveau la Bretagne et se rend à Locminé le 9 septembre.
Puis la place des Martyrs de la Résistance reçoit un superbe monument, principalement constitué d'un énorme menhir de 18 tonnes. Ce menhir est implanté devant l'école des filles. Il est entouré aux quatre angles du terrain où il est placé, par quatre mâts portant des drapeaux français. Ce monument est inauguré le dimanche 16 octobre 1966. Il a été dressé "à la gloire des résistants incarcérés et torturés en 1943-1944 dans l'école", toute proche.
Le 12 juillet 1969, le conseil municipal décide de rebaptiser la route d'Auray : Rue du Fort de Penthièvre. Depuis, chaque 13 juillet, le souvenir se perpétue avec une cérémonie commémorative au Fort de St Pierre Quiberon.